
La mort d’un homme
Les motifs de ses proches, pour le maintien en vie ou l’arrêt des soins, nous sont connus. On comprend moins l’acharnement d’un système politico-judiciaire, à ne pas lui laisser sa chance dans un lieu adapté, avec des soins adaptés ; à ne pas laisser le doute bénéficier à la vie. Tout se passe comme si cet homme a été, pour la France des années 2010, le bouc émissaire du refus de nos fragilités, devenu refus de nos fragiles.
Si la personne de Vincent Lambert, et l’on peut le regretter, a catalysé un tel combat, c’est bien que la société se situe à un carrefour quant à l’acceptation des personnes les plus vulnérables. Pour beaucoup de nos concitoyens, les vies comme celles de Vincent Lambert n’ont pas de sens, pas de dignité propre, quand elles ne coutent pas trop cher à la société. Alors que les pouvoirs publics prônent une « société inclusive », certains semblent voués à rester en dehors.
Sa mort aujourd’hui doit nous inspirer le recueillement, l’espoir que cette famille retrouve peut-être un début de paix loin des feux médiatiques, le pardon plus que l’amertume. Mais elle doit nous rendre vigilants plus que jamais, car derrière cette « figure de proue », la vie de centaines d’autres dans une situation proche est en jeu, par le biais de la jurisprudence. Et plus encore, lorsque l’on voit la virulence des lobbys pro-euthanasie, celle des milliers de nos concitoyens qui vivent et vivront une fin de vie délicate ou seront simplement en situation d’extrême fragilité, physique ou psychique.
N’oublions pas pourtant que la ligne de partage entre la vie et la mort ne se situe pas entre les tenants du maintien en vie de Vincent Lambert et ceux de l’ « arrêt des traitements » ; elle se situe en chacun de nous. Plus que jamais, contribuer à une société accueillante à tous est une necessité, que ce soit par la prière ou l’action concrète. Avec une conviction : c’est comme cela que nous deviendrons vraiment humains.
Cyril Douillet, ombresetlumiere.fr – 11 juillet 2019
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